La légitimité de l'Union européenne, une affaire de bons sentiments ? Réflexions sur l'appartenance à la communauté politique
Résumé
Les résistances à l’Europe sont irréductibles au souverainisme ou à l’euroscepticisme. L’indifférence d’une partie des citoyens à l’égard de l’intégration européenne est également significative, même si sa définition et sa mesure sont malaisées. Pour autant, l’identification affective est-elle indispensable à la légitimité de l’Union européenne ? Comme Norbert Elias l’a bien montré à propos de l’État et de la nation, il existe souvent un décalage entre l’émergence d’une entité politique et le développement d’un sentiment d’appartenance communautaire. Et cette intégration subjective ne s’appuie pas d’abord sur l’amour de soi ou sur l’opposition à l’autre. À l’ère moderne, en effet, la démocratisation est tout aussi productrice d’identités, qu’elles soient nationales ou postnationales.