Les politiques sociales à l'épreuve des réformes de marché
Résumé
Cet article analyse l’évolution des politiques sociales en Amérique latine depuis les années 1980, et discute la thèse selon laquelle l’hégémonie du néo-libéralisme aurait engendré une baisse de l’intervention sociale de l’État. Après avoir rappelé l’extrême diversité des politiques sociales latino-américaines et les problèmes méthodologiques qu’elle pose, cet article retrace les grandes lignes de l’évolution de la dépense publique en matière sociale dans la période « néo-libérale ». Trois domaines sont étudiés de façon plus détaillée: les retraites, où, paradoxalement, le passage à la capitalisation s’accompagne d’un accroissement de l’engagement de l’État ; la santé, où le mouvement d’universalisation, bien réel, s’accompagne d’un fractionnement qualitatif ; et l’assistance, en distinguant l’assistance « ciblée » et les programmes de transferts conditionnels de revenus (dont l’importance est à relativiser). La conclusion insiste sur la repolitisation du champ des politiques sociales depuis une dizaine d’années et l’enjeu qu’elles constituent dans le débat sur la citoyenneté.