La managérialisation est un processus qui traverse les bureaucraties occidentales depuis les années 1980. Les savoirs et pratiques du nouveau management ont transformé le mode de gestion des fonctionnaires tout comme la conduite des politiques publiques. Des ouvrages ont cherché à les systématiser et, par là, à les édifier en discipline académique. Cet article revient sur les procédés et les limites de cette scientificisation du nouveau management public. L’étude se base sur un corpus de plus de soixante manuels publiés en français et en anglais. Cette littérature prescriptive donne à voir les attendus d’un groupe professionnel et leur objectivation dans des énoncés qui font effet de science. L’article montre qu’en fait d’un contenu original, le nouveau management public est un ensemble composite de savoirs préexistants, issus des sciences de gestion, de la sociologie des organisations, ou de l’économie néoclassique. Une sociologie de ces militants réformateurs donne à voir des profils variés. Du consultant à l’universitaire, en passant par le haut-fonctionnaire, les stratégies convergent vers un affaissement des barrières entre fonction publique et secteur privé. Et, au-delà du cercle des initiés, contribuent à légitimer les discours sur la performance et à conforter la vision d’un « citoyen-consommateur ».