Entre 1990 et 2010, la coalition de centre-gauche connue sous le nom de Concertación a gouverné le Chili de manière ininterrompue. Une partie de l’explication de cette longue période de domination se trouve dans la présence d’un petit groupe d’agents puissants qui, en tant que Ministres et Secrétaires d’État, ont fourni de la cohérence et du leadership à l’action gouvernementale. Ce petit groupe d’agents était constitué par des technopols, une catégorie où se conjuguent chez un même individu deux types de capitaux : d’une part, des capitaux symboliques (« tech ») qui leur permettent de se nourrir des principaux courants en économie, science politique et sociologie, et d’autre part des capitaux politiques (« pol ») sous la forme de l’occupation de postes de direction partisane avant d’accéder à une première nomination au gouvernement. Ce sont ces deux capitaux qui expliquent le rôle principal qui a été joué par 20 agents, lequel est abordé au moyen de l’analyse systématique de 113 rapports privés qui ont été rédigés afin d’orienter le président de la République au cours des premières années de la transition à la démocratie.