Le temps insurrectionnel comme « moment politique ». Tunisie 2011

Dossier : Regards croisés sur les transitions africaines et arabes
Par Pierre Robert Baduel
Français

Tunisie 17 décembre 2010-14 janvier 2011. Révolution annoncée ou révolution inattendue ? La même question pourrait être posée pour toutes les Révolutions. Derrière l’opposition entre l’annoncé et l’inattendu, se tient la question de la part des causalités et de celle de l’imprévisibilité, de la part du déterminisme et de celle de l’indéterminisme. Si, dans un premier temps le présent article rappelle comme autant de causes possibles de sa fin quelques failles du régime autoritaire tunisien, il montre que c’est à partir d’une cristallisation interactionniste d’une série d’évènements que le déclenchement d’une insurrection a abouti motu proprio à la chute du régime Ben Ali. S’appuyant essentiellement sur une sociologie des crises et des mouvements sociaux, l’article identifie quatre éléments d’une dramaturgie qui, chacun isolé dans sa sphère comme dans les crises qu’avait connues la Tunisie antérieurement, n’aurait pas eu une efficacité suffisante, mais qui, jetés ensemble dans le creuset de l’incertitude structurelle maximale où se trouvait alors le pays, ont débouché sur la révolution du 14 janvier 2011 : un fait divers transfiguré, une insurrection locale qui devait rester acéphale et devenir ubiquitaire, une spectacularisation en temps réel de celle-ci qu’à l’échelle du monde devait assurer opportunément une cyberdissidence nationale et une discorde au sommet de l’Etat dans l’appréciation et la conduite de la situation qui a abouti à l’implosion de la clé de voûte du régime, le premier cercle du pouvoir, et à l’enclenchement – ambigu - d’un processus de transition politique.

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