Les apories de la transitologie : quelques pistes de recherche à la lumière d'exemples africains et post-soviétiques

Par Caroline Dufy, Céline Thiriot
Français

En dépit d’une reformulation menée dans les années 2000, avec la théorie des régimes hybrides, la transitologie reste fortement marquée par son époque, celle de la démocratisation des années 1990, et ne permet pas de saisir l’évolution des pays en émergence dans la globalisation. La stabilité des régimes autoritaires reste un défi théorique auquel se sont affrontés nombre de transitologues. Cet article montre que les raisons de cette impasse sont multiples : au niveau théorique, le prisme développé par la transitologie reste à la fois normatif, dans son occidentalo-centrisme et formel dans son ambition classificatoire des régimes politiques. En outre, en termes pragmatiques, les orientations politiques de l’aide internationale ont changé : l’injonction démocratique a cédé la place à un impératif de stabilité. Cet article plaide pour une approche et une méthodologie renouvelées dans l’analyse des régimes politiques en s’appuyant sur des terrains africains et post-soviétiques. L’argument développé ici met en avant la nécessité d’opérer une analyse interne des régimes, en mettant l’accent sur les modalités de légitimation du régime et de régulation politique interne. Cette approche laisse ainsi toute sa place à la prise en compte de l’Etat et des institutions dans la régulation politique, et en son sein à la coexistence de différents espaces politiques de régulation, à l’articulation entre les sphères formelles et informelles, à l’imbrication des logiques économiques, sociales et politiques. Les pistes de recherche ainsi tracées permettent de rendre raison des trajectoires divergentes et multiples des pays dans la globalisation contemporaine.

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