La participation électorale au prisme de la variable ethnique. Premiers résultats et perspectives de recherche

Par Julien Audemard, David Gouard
Français

La variable ethnique est rarement mobilisée pour expliquer la participation électorale. Lorsque c’est le cas, les études soulignent régulièrement le fait que la proximité à des groupes ethniques minoritaires est un facteur d’abstention. Le présent article examine au contraire l’hypothèse inverse : dans quelle mesure l’appartenance à des groupes ethniques minoritaires peut-elle être un facteur de participation électorale ? L’analyse s’appuie sur une étude empirique de la participation électorale de 10 475 électeurs répartis dans dix bureaux de vote à Montpellier lors des élections présidentielle et législatives de 2012. À partir de l’analyse des listes d’émargement de ces bureaux, et en croisant ces informations avec les bases de données INSEE, nous avons pu estimer le poids de la variable ethnique sur la participation. La comparaison des résultats obtenus pour chacun des bureaux de vote, sélectionnés en raison de leurs situations spatiales et sociales contrastées, montre que les Français issus de l’immigration maghrébine vivant dans les quartiers populaires de la ville se sont plus mobilisés que les Français issus de cette même région d’émigration vivant dans les quartiers de classes moyennes lors de l’élection présidentielle. Ce résultat suggère que l’appartenance ethnique peut, sous certaines conditions, jouer un rôle positif du point de vue de la mobilisation électorale. Nos résultats montrent que l’impact de l’appartenance ethnique sur la participation électorale est déterminé à la fois par le statut social de l’électeur, des facteurs relatifs au contexte social et par la conjoncture médiatique propre à certains scrutins.

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