Scolarisation et imputabilité électorale dans le monde en développement

Varia
Par François Gélineau
Français

Au cours des dernières décennies, les défenseurs de la démocratie ont surtout axé leurs efforts sur la mise en place d’institutions dont les caractéristiques favorisent la pratique démocratique. En ce sens, on a accordé davantage d’importance aux mécanismes qu’aux acteurs eux-mêmes. Pourtant, la démocratie ne fonctionne que si les participants y consentent. La démocratie repose sur l’aval des élites, mais aussi sur celui des masses. Dans cette veine, certains auteurs ont avancé que la scolarisation étend l’horizon des citoyens, leur donnant ainsi les outils pour mieux intégrer la tolérance, pour leur permette de prendre un certain recul par rapport aux idéologies extrémistes ou monistes et pour faire des choix électoraux plus rationnels. Ces derniers sont même allés jusqu’à conclure que la scolarisation est probablement une condition « nécessaire » à la démocratie. À ce jour, les tests empiriques de cette hypothèse se sont limités à des analyses plurinationales mesurant le degré de covariation entre des données nationales de fréquentation scolaire et des indices de maturité démocratique. Pourtant, les fondements théoriques de l’hypothèse sont clairement situés au niveau individuel, au niveau du comportement des citoyens. L’analyse proposée dans le présent texte explore cette hypothèse à l’aide d’une banque de données individuelles provenant de plusieurs pays en développement. Elle tente d’apporter une réponse aux questions suivantes : dans quelle mesure la propension des citoyens à sanctionner le gouvernement pour sa performance en matière économique est-elle affectée par la scolarisation ? Et quelles sont les implications de ce comportement individuel à l’échelle systémique ? En répondant à cette question, nous proposons de mettre en exergue le rôle important que joue la scolarisation dans le processus démocratique.

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