La relation entre timing de formation des répertoires du conflit et variation du degré de violence. Une analyse comparée du Liban et de la Belgique

Dossier : Après-guerre : mémoire versus réconciliation
Par Nadim Farhat
Français

La question du timing est traitée ici dans sa relation à la violence dans le contexte de deux histoires conflictuelles relativement longues, celles du Liban et de la Belgique. L’analyse s’appuie sur la notion de répertoire du conflit qui désigne l’ensemble des moyens historiquement expérimentés, accessibles au présent à un couple d’acteurs et au sein desquels ces derniers vont puiser la forme dominante de leur confrontation. En comparant sur plus d’un siècle l’évolution des moyens d’action privilégiés dans les deux cas étudiés, il apparaît que les mobilisations des acteurs communautaires libanais et belges contemporains épousent les contours de répertoires différents hérités du XIXe siècle. Les campagnes de revendication en Belgique opèrent à partir d’un répertoire de mouvements sociaux qui donne au conflit entre francophones et Flamands son caractère essentiellement non violent. Les combats armés au Liban se déclinent à partir d’un répertoire de guerres civiles et d’insurrections qui confère au conflit entre les communautés religieuses sa dimension souvent violente. Ce contraste est dû à une intersection, à un moment différent dans chaque cas, entre les premiers conflits et l’évolution du cadre étatique. Le timing d’apparition des premiers conflits, formant un répertoire spécifique d’action, déterminerait donc non pas la réapparition ultérieure d’un conflit, mais l’occurrence ou la non-occurrence de la violence en son sein ; en d’autres termes le caractère violent ou pacifique d’un conflit dépendrait de l’ordre dans lequel sont survenus historiquement le premier phénomène conflictuel et la réalité étatique moderne.

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