La genèse bureaucratique d’un lieu commun sectoriel : concurrences diplomatiques et soutiens institutionnels dans la production du premier rapport de l’OCDE sur les dépenses de santé (1985)

Dossier : Pour une sociologie des rapports publics. Effets symboliques et configurations d’écriture des outils d’aide à la décision
Par Constantin Brissaud
Français

L’article décrit la genèse d’une innovation bureaucratique controversée en analysant la négociation du mandat du groupe de travail de l’OCDE à l’origine de la première publication d’un rapport sur les dépenses de santé des pays membres en 1985. L’auteur du rapport – décrit comme un « entrepreneur-frontière » – parvient, en multipliant les contacts dans les bureaucraties nationales, dans les champs universitaires et auprès d’autres organisations internationales, à intéresser plusieurs pays à son travail d’établissement d’une base de données des dépenses de santé des pays membres. Il compense ce faisant le désintérêt de sa hiérarchie pour son travail. Dans le contexte d’une lutte entre le département social et le département économique de l’OCDE pour fixer une explication de la « crise de l’État-providence » au début des années 1980, le travail sur les dépenses de santé est finalement imposé, par les pays membres les plus puissants alliés à la division économique, comme un moyen consensuel pour limiter les prérogatives du groupe de travail sur les affaires sociales. L’article éclaire ainsi la genèse institutionnelle et statistique d’un lieu commun sectoriel selon lequel les politiques de santé doivent avant tout limiter les dépenses de ce secteur d’action publique.

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