Islam et politique en Turquie : alliance et rupture entre le mouvement de Fethullah Gülen et le Parti de la Justice et du Développement de Recep Tayyip Erdoğan
Issus tous les deux d’une Anatolie conservatrice, Fethullah Gülen et Recep Tayyip Erdoğan ont mis en place respectivement une mouvance et un parti politique qui continuent de marquer la Turquie. Fondée sur une même vision de l’islam et une stratégie de neutralisation de leur adversaire, l’establishment kémaliste, une alliance entre les deux fut nouée en 2002 quand l’AKP arriva au pouvoir. Toutefois, ambiguë dès le départ, cette alliance n’a pas résisté à l’apparition progressive de nombreuses divergences politico-sociales entre les deux dirigeants. Moins de dix ans après avoir été scellée, l’alliance entre les deux s’est fissurée, puis volé en éclats en 2013. Depuis, la mouvance de Gülen est bannie en Turquie et ses représentants se sont exilés à l’étranger, notamment dans les pays occidentaux. Sous la direction de Gülen toujours installé aux Etats Unis, ils tentent de se réorganiser en une nouvelle structure politico-religieuse.