Reframing the debt crisis in defence of social democracy
Réinterpréter la crise de la dette publique : le projet d’un retour conditionné de l’Etat social
L’objectif de cet article est de contribuer à l’analyse des contre-discours sur l’austérité, dans le contexte de la crise de la dette européenne, au tournant des années 2010. Certes, la littérature sur les mouvements anti-austéritaires est bien fournie. Toutefois, on apporte ici une contribution originale, en partant d’une méthode qualitative d’analyse des cadres des collectifs d’audit citoyen de la dette en France, en Espagne et en Belgique, qui ont fait partie des mobilisations anti-austérité, mais qui ont été peu étudiés. Je pars de ces cas très spécifiques pour gagner en profondeur analytique. Je souhaite explorer l’imaginaire politique des militants, en montrant d’abord comment ils définissent la situation problématique de la crise de la dette, en pointant la responsabilité des pouvoirs publics, notamment depuis le point de vue local. Ensuite, je mets en valeur le fait qu’ils revendiquent un imaginaire particulier de la crise et du rôle que doit jouer l’État dans la gestion de la crise. S’ils légitiment le redéploiement de l’État social, cette demande d’État social ne s’opère pas de manière inconditionnelle, puisqu’il s’agit d’associer les citoyens à la surveillance de cette mission sociale des pouvoirs publics. En cela, ils défendent une forme de démocratie sociale. De plus, ma contribution est comparative, permettant de voir en quoi cet imaginaire du rôle l’État en démocratie peut être modulé en fonction des contextes politiques nationaux et locaux.